Par Frédéric MORIN
Une fois n’est pas coutume, mais… cet article est une citation quasi intégrale d’une publication remarquable, que nous reproduisons ici avec l’autorisation de l’auteur. Elle est d’un grand intérêt en ce qui concerne l’économie locale et bien sûr la découverte du patrimoine du territoire.
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L’intégralité de l’article original est consultable sur le site de Frédéric Morin et Salomé
Introduction
Poteries et potiers traditionnels du Pays de Dieulefit depuis l’Antiquité et le Moyen-Age à nos jours : le tourisme du Patrimoine historique et culturel autour de Saillans, Bourdeaux et Dieulefit
Dans les années 1980, des recherches ont été menées sous l’égide de l’association « Patrimoine potier » grâce au Concours de la Cellule du Patrimoine Industriel du Ministère de la Culture et des services de l’Inventaire du Conseil Général de la Drôme. Les documents sont aujourd’hui déposés à la Maison de la Terre à Dieulefit, devenue « Maison de la Céramique du Pays de Dieulefit » à la suite de la liquidation judiciaire de la Maison de la Terre à laquelle le Conseil général n’avait pas versé les subventions promises.
Ces documents incluent des photographies d’ateliers et de vestiges prises par François Isler, des photographies d’inventaire des productions, des cartes, plans d’ateliers et de fours que j’ai dressés et de nombreux fac-similés de catalogues et d’archives professionnels, ainsi que de nombreux rapports d’enquêtes et notes d’archives.
Des origines dès l’Antiquité gallo-romaine
L’activité potière à Dieulefit s’est très tôt développée grâce aux propriétés réfractaires de la terre localement extraite à la carrière des Vitrouillères, où les dernières extractions ont perduré jusqu’aux années 1950.
La solidité au feu des ces productions leur ont assuré une grande diffusion géographique, et ce depuis l’Antiquité gallo-romaine. Les fouilles de Vaison-La-Romaine par exemple, conduites par Christian Goudineau, ont livré un abondant matériel céramique identifié comme dieulefitois par comparaison avec plusieurs centaines de kilogrammes de tessons issus d’une « casse » (dépotoir de ratés de cuisson) d’un potier gallo-romain fortuitement découvertes dans les années 1960 au quartier de La Rochette à Dieulefit. Bien qu’elles aient été rassemblées dans les greniers du Musée archéologique de Nyons par René Gras, aucune étude systématique de ces premières productions de céramique grise cuite en réduction n’a pu être encore conduite. Les collections dieulefitoises conservent par ailleurs une magnifique coupe ceinturée d’une bande à jours rectangulaires -elle est devenue « collection personnelle » à l’occasion des travaux de réfection de la Mairie où elle était offerte à la vue de tous- et des gourdes aplaties, datées de la période romaine.
Un essor médiéval
De nombreuses familles dieulefitoises détiennent également des « pégaus » ou pichets à bec ponté en terre grise cuite en réduction caractéristique des productions antérieures au XIIIème siècle, pour lesquelles on a trouvé un four à l’occasion des travaux d’agrandissement du cimetière à l’ouest de Dieulefit.
L’étanchéité à l’eau de ces productions était assuré par le bouchage de l’argile par les particules de carbone au moment de la fermeture des orifices du four, en fin de cuisson. On connaît également de nombreux témoignages des balbutiements de poterie vernissée à l’alquifoux des XVème et XVIème siècles, périodes pour lesquelles les archives commencent à abonder en signalant une aire de distribution recouvrant l’ensemble du sud de la France. La plus ancienne mention connue d’un potier à Dieulefit concerne un « Jehan Peyroneau Olerio » le 24 décembre 1451.
L’apogée avant la Révolution industrielle
Le XIXème siècle est naturellement la période du développement maximal. Une centaine de fabriques se répartissant dans la vallée de Dieulefit et Poët-Laval, renseignées par les enquêtes et le cadastre dit napoléoniens qui en conservent la mémoire en complément des vestiges assez nombreux qui constituent une belle documentation : le développement maximal semble être atteint vers 1833 avec 52 fabriques qui emploieraient 690 ouvriers.

Par exemple, plus d’une vingtaine de fabriques se succédaient au long de la rue des Raymonds -autrefois des Reymonds- à l’Est de Dieulefit.
Les façades sont appuyées contre le coteau dans le sable duquel des caves étaient creusées pour accueillir les ateliers de tournage, de séchage et de vernissage, les hangars des fours et les magasins ; les habitations sont aménagées au premier étage. De nombreux moulins à alquifoux (minerai servant à fabriquer le vernis, souvent importé d’Espagne) animés par des roues à aubes ont été identifiés, de même qu’une fabrique d’ocre à proximité des carrières de Rivales.
Frédéric Morin, janvier 2013
L’intégralité de l’article original est consultable sur le site de Frédéric Morin et Salomé
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